Rouge – 2021
Isabelle Duthoit, Yuko Oshima, Soizic Lebrat
Free Sonne | Collectif Musique en Friche
CHRONIQUES :
« Le trio féminin annonce la couleur, l’album « Rouge » lance une série de quelques concerts en avril prochain. Isabelle Duthoit à la voix et à la clarinette, Yuko Oshima à la batterie et Soizic Lebrat au violoncelle, ont ainsi formé ce trio sans nom en 2015. Marqué au fer rouge de l’improvisation libre, le trio joue des coudes et se joue des codes dans une approche combative et musclée, telle une danse , de la musique qui se pratique dans l’instant. Un minimalisme étiré à son maximum pour s’approcher d’un réductionnisme aux silences salvateurs. Cinq mouvements principaux où à l’intérieur, ruissellent des micro-événements, des pas de côté à pas de loup, ça scrute, ça cherche sa proie. Cinq images sonores aux nuances feutrées enveloppantes, tantôt rassurantes sur « prizadujumal », tantôt angoissantes sur « manjyushagé ». On y est. On y est plongé. On y est plongé dans la nasse. On y est plongé dans la nasse tel un boxeur acculé dans les cordes. La proie est a priori maitrisée. Elle ne s’affole plus. Mais elle respire encore. Le tapis rouge est déroulé mesdames. » par Cyrille Lanoë, 1er janvier 2022 :
https://www.revue-et-corrigee.net/2022/01/01/rouge/
https://www.citizenjazz.com/Duthoit-Oshima-Lebrat.html
« Ce Rouge Trio nous transporte instantanément dans l’immense Jungle du douanier Rousseau … Et ces femmes, un peu comme Dionnées & autres Nepenthes …
émaillant de rubis les ténébreuses verdures du peintre visionnaire … Isabelle, Darlingtonia superbe dont les chants rapteurs lient irrémédiablement coeurs & oreilles garrottés. Plaintes gémissements sensuels, cris dont la raucité agace peau et tympans, vociférations serties de troubles languissants que syrènes eussent enviées … Du plus profond de cette jungle, filtrés dans la masse végétale, cris de psittacidés, hululements, chuintements pépiements agacés, harmonies subtiles de syrinx inconnues, tissées, mêlées aux cordes du violoncelle, tressage inouï qui rend sourd ceux qui l’entendent et oublient tout ! … Puis comme venant du lointain, feulements, apparitions fugitives d’inquiétants fauves d’où jaillissent comme diamants d’implacables regards. Vocalises, cordes enliées à celles, entées du Violoncelle-Soizic, féérique ou maléfique tissage, reléguant la sage Pénélope au rang de ravaudeuse ! …
Et nous, happés dans cette toile magnifique, nous tenons, suspendus comme insectes englués de magies ! … Puis dans cet envoutant espace, loin, très loin là-bas, comme un frémissement, un roulement orageux, quelques stridences & soudain le fracas du tonnerre; Yuko, tapie derrière sa batterie vient de frapper, l’univers entier tremble & se met à vibrer … Alors, calés dans les soutes de ce Nostromo géant, nous franchissons d’immenses abîmes, traversons des mondes engloutis, perforons des nébuleuses inconnues aux franges de l’univers … Hors de tout, nous dérivons sans cesse, le temps lui même semble aboli. On ne distingue plus rien, l’agacement d’une cymbale par l’archet griffe & mords sur l’empreinte d’une voix exacerbée tandis que des ouïes du violoncelle, l’ampleur d’un chant de baleines bleues nous fait échouer aux rives de quelque planète titanesque et gazeuse … Je ne saurais dire quand l’éveil eut lieu … Et, a t-il eu lieu ? ! … Le miaulement d’un chat, la toux d’une spectatrice, la chute d’un corps pesant & proche ? … Mystères … Puis nous revoilà debout, bière en main, dans l’attente de futurs naufrages … » Claude Parle, 13 avril 2022
http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2022/04/13/39431956.html