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Cinq esquisses bleu solo du dedans

Cinq esquisses bleu solo du dedans – 2009

Les amateurs d’improvisation libre ont pu l’entendre aux cotés de Mathias Pontévia et Heddy Boubaker, Soizic Lebrat nous revient cette fois pour un projet en solo. Journal intime esquissé en cinq chapitres introspectifs/exploratifs, passant du tumulte des flots au désert contemplatif, Soizic nous invite en voyage au royaume des cordes frottées. Obstinée, la violoncelliste mène ses idées jusqu’au bout avec une conviction qui confère à l’ensemble de la suite une force indéniable. On pense à Philip Glass, Steve Reich ou encore Arvo Pärt.

Soizic Lebrat

Petit Label

Critique de l’album solo Cinq esquisses bleu solo du dedans, parue sur le blog de Julien Héraud (2012)

Autre publication de la très bonne série « Son » du Petit Label (partie du catalogue consacrée à l’exploration des timbres et des textures sonores), cinq esquisses bleu solo du dedans est un enregistrement solo de la violoncelliste Soizic Lebrat. Un très beau titre, simple, mais fracturé, à l’image de ces cinq esquisses de Soizic. Si cette dernière est connue dans l’improvisation libre musicale, elle s’intéresse également aux pratiques improvisées interdisciplinaires (danse, théâtre, arts plastiques, poésie et philosophie entre autres) ainsi qu’aux pratiques amatrices, et aux musiques populaires. C’est peut-être de ces deux derniers côtés qu’il faut rechercher la source des nombreux ostinatos qui parcourent cette suite exploratrice. Car à travers les nombreuses techniques étendues utilisées sur ces cinq pièces, à travers ces raclements et ces grincements, à travers cette exploration systématique à l’intérieur du violoncelle surgissent constamment des rengaines et des mélodies, comme échappées d’un héritage multiséculaire. Il y a d’un côté une exploration virtuose de l’instrument. Mais également une pratique de l’improvisation libérée du jazz et des nouveaux idiomes propres à l’efi. Une pratique nouvelle qui se trouve dans la continuité d’une improvisation issue d’un long héritage, qu’on pourrait chercher dans les musiques populaires et folkloriques, peut-être jusqu’au moyen-âge. Ceci-dit, Soizic ne se contente pas d’ostinatos et de rengaines populaires, il y a également un héritage plus récent issu des musiques savantes plus contemporaines, et de l’improvisation libre sans aucun doute. A sa manière, sans renier le passé, Soizic Lebrat explore le violoncelle de manière intime, personnelle, et sensible. Mais aussi de manière exhaustive, profonde, et intense. Et en dernier lieu, c’est peut-être la méticulosité qui frappe le plus à l’écoute de ces pièces, avec quelle patience et persévérance Soizic Lebrat explore chaque idée musicale et chaque aspect de l’instrument, jusqu’à ses plus extrêmes limites. Du très beau travail d’exploration de l’instrument et une conception fraîche de l’improvisation en tant que pratique multiséculaire.